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mercredi 24 février 2016

Les Mutantes....

Les mutants du mardi. Ou mutantes.

Or donc, chaque lundi (quand j’y pense) j’informe l’honorable assistance publique qui me lit en noir et blanc sur mon blog : « Demain, pas de mutantes ! »
On (au moins une personne) me demande ce que cela veut dire…

Alors, il était une fois (once upon a time..) !

Il y a 35 ou 40 ans, une jeune médecin faisait son internat dans un des plus vieux hôpitaux psychiatriques de France. 
Un asile.
Je ne vous décris pas l’ambiance lugubre de ce vieux couvent, devenu l’Hôpital de Navarre, mais certaines parties étaient condamnée et ce jeune médecin, avait heureusement, dans son trousseau de clés, le fabuleux « passe » qui ouvre toutes les portes, sauf de la Trésorerie générale et du bureau du Directeur…
Sachez quand même que ce cloitre était entouré par des bâtiments « en dur », dont la moitié était fermée à clé. 
Un dimanche, de garde, il décida d’explorer ces zones interdites, tant aux malades (de psychiatrie) qu’aux soignants.
L’horreur.
Nous étions pourtant en juin, beau temps à l’extérieur. Chaud même. (C’était avant la COP 21.)

Il déverrouille une porte, la coince avec une pierre, car pas de possibilité de sortir de l’intérieur… même avec le passe. Porte à sens unique.
Un immense couloir. Glacial. Et de chaque côté, ce qui devait être des cellules pour moines ou autres membres du clergé.
Rien à voir avec le « Château » où était logé le Directeur ou les bureaux administratifs…
L’étage des internes était le plus élevé. Heureusement, il y avait un ascenseur…
Une cuisine, et une demi-douzaine de chambres, attribuée en fonction de l’ancienneté dans l’établissement.

(Pendant que j’écris, une chatte vient de s’écraser mollement contre le rebord d’une fenêtre, signe qu’elle a faim, et « que ça saute », alors je viens d’aller la nourrir…)

… Un retour sur ce couloir, presque pas éclairé, entre les cellules, les lames de parquet disjointes par l’humidité. Du solide. Sans doute du chêne. 
 Des cellules (je me répète), avec des portes aux quelles on avait mis des serrures extérieures. Du solide, du massif. Des chambres de deux à trois mètres de long sur deux de larges. Des bas flancs. 
Même pas de bruits de rats. 
Certaines avaient 4 « couchettes ». Toutes pourries, par l’humidité et la vieillesse.
J’ai calculé que cette aile du couvent devait pouvoir abriter au moins une centaine de « pensionnaires »…

Mais revenons à notre jeune médecin.
Sa garde de dimanche terminée, il apprend que son remplaçant du lundi ne viendra pas. 

Malade. Oh, un médecin malade ? Pas normal…

Donc obligé d’enchaîner sur le lundi. De se faire la cuisine. (La cuisinière ne venant pas le dimanche, ni le lundi, ni le soir).
Heureusement, il y avait un vieux frigo, fermant à clé, où étaient stockées quelques provisions de bouche.

Le lundi, ce médecin prévient son CMP qu’il ne pourra pas venir, et passe sa journée à mettre à jour ses dossiers.

Le soir, les alcooliques habituels du lundi soir, une surprise vers 22 h, un jeune malade qui venait de se tirer une balle de .22 long rifle, entre les deux yeux, et passé ensuite aux urgences de l’hôpital général, projectile n’ayant (heureusement) pas touché le croisement des nerfs optiques (le chiasma), donc pas devenu aveugle !

Juste sonné par sa tentative de suicide. Et impossible de retirer la balle. Donc, direction hôpital psychiatrique…
Reçu, sédaté, au lit, dans une « chambre normale »…
Et notre jeune médecin retourne dans sa chambre de garde…
Grande chambre, dans les 20 mètres carrés. Une douche dans un local commun. Pas de TV (ouf), mais son poste de radio, pour écouter du jazz. Le téléphone est bien branché, il prévient la loge qu’il est « dans ses appartements » (sourire).
Car l’hôpital est grand. Et chaque fois qu’il va, la nuit, d’un pavillon à un autre, il prévient la loge de l’endroit où il est, en cas d’urgence… Pas de radio ou de bip.

Et vers 1 heure du matin, coup de fil. Une « urgence ». 

Il va dans le pavillon où sera le patient, s’installe dans le bureau de consultation, plein de vieilles bibliothèques, de vieux livres, des classeurs pour les dossiers (l’informatique était balbutiante et certainement pas pour des médecins).

Deux infirmiers (musclés) font entrer un jeune homme, terrorisé, se débattant, et acceptant quand même de prendre place dans le fauteuil face à son bureau.
Il transpire, regarde autour de lui avec inquiétude, bredouille et demande à entrer chez lui.
— Pourquoi cette angoisse ?
— Parce qu’ils vont venir égorger ma famille !
— Qui ça ?
— Les mutants ! Ils sortent de terre et égorge, sucent le sang, arrachent le cœur de leurs victimes !
— Oh oui certainement. Mais c’est tous les jours ?
— Oui, tous les jours, sauf le mardi. Je ne sais pas pourquoi !
—Hum… Et nous sommes quel jour ?
— Lundi, je crois !
— Quelle heure ?
Il regarde sa montre. Il est une heure et demie.
Ce jeune médecin lui montre le calendrier mural :
— Alors, nous sommes mardi ? 
Il n’y a JAMAIS de mutantes ou de mutants le mardi !

Le tout avec une force, une conviction et une certitude qui ébranlent le patient.

Le jeune regarde sa montre, la date, et convient :
— Oui, nous sommes mardi. Ouf !
— Bon dans ce cas, pas d’inquiétude pour cette nuit. Je vous mets dans une chambre, un petit sédatif pour faire un bon dodo, et l’on en reparle demain après le petit déjeuner. D’accord ?
— Oui, Docteur… Merci, vous me sauvez la vie.

Voilà pourquoi, parfois je dis : « Pas de mutants demain »…

Bonne journée…

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