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jeudi 16 novembre 2017

SDF

Les cigarettes!

Ludwig est en train de taper doucement sur son clavier.
Il écrit une nouvelle. Pour se changer l’esprit de tout son travail avec la série de l’Hôpital de Montjoie. 
Un tome six, ça va, il a peur de faire « du Scapa ». Ne pas être capable de le renouveler…

Et en panne de clopes. Juste un peu de tabac pour le week-end et sa pipe en écume de mer. 
Ambre est chez des amis, cousins ou autres. Elle va y dormir avec Cannelle.

Enfile ses bottes, sa parka (offerte par un institut de sondages médicaux en échange de son appréciation de quelques médicaments, bof un cahier de 30 pages format A5, à remplir, des cases à cocher, avec des pièges). 
Il n’y a pas de conflit d’intérêt!

Son téléphone portable, sa carte bleue, qui est orange.
La télécommande qui allume les lampes quand le soir tombe.

Il ne fait pas très chaud!

Le buraliste n’est pas loin, mais il ferme à 20 h 30. La voiture ou à pied? 
Il y a des travaux sur la rue principale qui conduit vers le centre commercial. La nuit arrive. Alors, prendre sa canne!

Il chemine doucement, en tentant de faire de foulées, longues et amples, mais tous les 50 mètres une petite pause, il est quand même fatigué.
Pourtant il arrive devant le centre et heureusement, le buraliste est encore ouvert!
Il fonce.
Calcule qu’il lui faut au moins 3 paquets pour survivre au week-end.
Ouf, le patron lui fait un grand sourire, et demande « combien? »…
— Trois, comme d’hab! 
Et paiement sans contact!
— Non, depuis l’augmentation du prix du paquet, faut taper votre code… »
Il s’exécute.
Et se rend compte qu’il a oublié son briquet… Sollicite du feu au patron qui surveille la descente des rideaux métalliques!
« Pourquoi vous ne passez pas aux vapoteuses? Je l’ai fait pour moi, et l’on file moins de fric à l’État, pour un truc marqué “Cancérigène”…
Je vais en recevoir un lot, je vous en mets trois différents de côté, vous choisirez!
— OK, je repasse demain… Mais on continue cette discussion! À plus tard »

Il savoure le parfum de sa cigarette.
Traîne la jambe jusque chez lui…
Sur la place avant sa maison, le même petit groupe de SDF. Sans domiciles fixes.
Ils se ressemblent dans la misère. Des hommes. Pas de femmes ou d’enfants. En général, assez bien habillé, ou du moins des vêtements chauds. Ils se partagent une grande gamelle, des haricots et un peu de viande. Elle passe de main en main. Chacun en prend une grande cuillère puis la passe à son voisin. Il en reconnaît un. Il laisse parfois son chariot (vide) devant lui, en faisant signe d’aller le ranger et de récupérer la pièce de monnaie.

Longe discrètement cette petite place, en se demandant où ils dorment la nuit. Car il fait froid, et toutes les maisons aux alentours sont équipées d’alarmes. Y compris la sienne.

Ce rassemblement l’intrigue! Il est trop régulier.
La lune est pleine, et zut, il voulait observer Saturne ce soir. Il vient d’acheter sur Ebay un petit (mais bon) télescope. Un truc à double miroir. Faudra trouver une bague pour l’adapter sur son appareil photo!
Ce soir, il le teste.
Il monte l’échelle, dans la salle de bain, qui va dans les combles et soulève une tuile d’aération, pour faire passer le bout du télescope, fixé sur un trépied photo.
Et pour s’amuser, le pointe vers la petite place. Personne autour. Les SDF sont debout et attendent.
Une voiture de la police municipale passe doucement, sans s’arrêter. Ils font une ronde. À leur retour, un des policiers leur fait un signe : « C’est OK »!
Ludwig est très intrigué.
Il sent, à plus de 250 m, que les SDF sont soulagés. 
Vu l’heure, tous les habitants de son impasse sont devant la TV ou couchés.

Une ombre, en forme de raie Manta, arrive en silence, assez haute, et descend doucement.
Un OVNI?
Un escalier se déroule.
L’appareil plane sur place, occultant les étoiles, à cinq mètres du sol!
Une dizaine d’individus en sortent, et quand le dernier est à terre, c’est le groupe devant lui qui monte.
Ils se ressemblent mutuellement, beaucoup.
Un échange standard!

Ludwig sait qu’il n’est pas sous substances illicites…

Et il comprend brusquement.

Ces SDF (qui changent toutes les pleines Lunes, sans doute) sont invisibles pour les gens normaux, qui ont un toit, une famille, un travail. Des chiens ou des chats, parfois des enfants.

Ils sont invisibles. Pour « les gens normaux ». Type caucasien. Pas des jaunes ou des noirs. Personne ne les remarque. Les chiens se taisent quand ils passent. Invisibles, car en dehors du schéma mental des Terriens.
Ils ne font pas partie de la « civilisation »…

Il y en a d’autres, qui sont d’authentiques humains, mais ceux-ci ont une démarche différente. Comme habitués à une gravité plus forte…

2 commentaires:

  1. Mais continue donc, Ludwig !... Heu... Sylvain ! Continue, fissa ! C'est excellent ! Ça démarre comme un feu d'artifice et on attend les étincelles, les couleurs, les pétards sous fond de musique, pour nous servir le bouquet final... :-)

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  2. J'adore les feuilletons, continue, ne nous laisse pas une attente insuportable...

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Après validation bien évidement....